vente maison et les aventures de Jésus

La Bible revisitée de façon burlesque... et érotique.

lundi 22 juin 2009


Résidence de standing, au centre d'une petite ville du Midi, deux appartements parfaitement restaurés...
200 000 €
0687554213


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les aventures de Jésus ou histoire biblique

mercredi 12 mai 2010








La Bible revisitée érotique et burlesque

Mais qui nous dit que ça ne s'est pas passé ainsi ?




les aventures de Jésus



... et de Marie Madeleine. Une campagne de pub hors norme !









Emeute
à
Jérusalem

ou

Les aventures
de Jésus



Damien Burdault, Hélène Larrivé


[Le personnage principal tout d’abord : le Christ. C’est un beur, entre Smaïn et Naceri, sympa mais sur excité, quasi délinquant et bien sûr sans-papiers, ses parents ayant fui la Judée en raison des persécutions contre les juifs. Il porte des cheveux longs, est de type arabe -sémite- et parle avec un fort accent libanais, ce qui devait être le cas, même en araméen -la langue des juifs- c'est-à-dire en élidant les «r».]




1 Le petit Jésus ne veut pas dormir
ou les histoires de Joseph
sur les temps anciens…
Des prépuces pour des prunes


C’est Joseph qui raconte une histoire au petit Jésus adolescent qui change petit à petit de corps... Dix ans, il n’est plus tout à fait un enfant. Il y a des planches à scier, des tables à finir, mais le gamin ne veut décidément pas dormir et Marie papote avec Suzanne comme toujours, au puits, en faisant la vaisselle… Il est vrai que pour l’éducation sexuelle d’un garçon, il est sans doute mieux placé qu’une femme, vierge de surcroît.
«… C’était il y a longtemps, très longtemps… Les moeurs étaient plus rudes qu’à présent… La guerre faisait rage, contre les philistins, (les palestiniens) comme tu le sais. Ton ancêtre David, celui qui a si bien réussi dans la vie à partir de rien était adolescent. Il n’était pas encore le roi des juifs mais c’était un vaillant guerrier, tu peux le croire. Il avait même vaincu en combat le géant philistin Goliath, un affreux, d’un coup de fronde en plein front, toc, qui l’avait proprement occis. Le peuple l’adorait. Et… les femmes surtout, malgré sa petite taille… Car il était très beau et de caractère enjoué. Enfin, à sa manière. Et c’est justement là la question.


Comme cela lui arrivait régulièrement, car c’était un chaud lapin, il était amoureux. De Mikal, la fille du roi Saül. Rien que ça ! Il ne se refusait rien, l’ancien petit berger… Et, plus étonnant, Mikal, une pimbêche pourtant, l’aimait aussi.
Le roi Saül au contraire le haïssait. Par jalousie, simplement, car il se battait mieux que lui : il était quasiment invincible. Une baraka d’enfer, enfin je veux dire… fantastique. Et les médias de l’époque (certes qui n’avaient rien à voir avec Jérusalem-Match de nos jours) ne se privaient pas de le souligner chaque fois et d’établir des comparaisons. David a fait ci, David a fait ça… Saül écumait de rage. Or en ce temps, la guerre (l’Intifada) mettait le royaume de Judée en péril. David, généreux, n’avait jamais tenu compte des innombrables embrouilles de Saül à son égard qui avait même tenté de l’assassiner à plusieurs reprises : en vain. La baraka, je te dis, Jésus !
Un beau jour, après une victoire retentissante, David se décide enfin. Il va demander la main de Mikal à son père. Il ne peut offrir pour dot au père toutes les vaches et les moutons qu’elle mérite comme c’est l’usage… il en a un peu honte, mais quoi, l’amour est le plus fort.
O stupeur, le roi accepte, mais à une condition : qu’il lui ramène cent prépuces de philistins tués au combat. Pas de vaches, de moutons, non, rien que des prépuces ! Plus portatif certes  mais enfin ça ne court pas les champs. C’est le prix de Mikal, pas moins. Saül le fourbe compte bien que, poussé par sa passion, David sera enfin tué. Qu’à cela ne tienne, ton papet sort de Jérusalem, occit vite fait son quota de philistins qui traînaient par là, des militaires assura-t-il, les circoncit en cinq sec et fou de joie ramène son butin en brochette au futur beau père. Et voilà le travail ! Les philistins enterrés fissa selon le rite (on n’est pas des sauvages tout de même) les noces furent aussitôt célébrées très joyeusement au son des trompettes et des tabourins. C’étaient des gens qui savaient vivre.
Mais ils ne furent pas très heureux : Saül sema la zizanie dans le couple et Mikal finit par mépriser son berger de mari, même lorsqu’il devient roi : un parvenu, un barbare qui dansait autour du feu comme un païen, rien de comparable à elle, fille de roi. De la merde d’oiseau. Il faut dire que David la provoquait exprès : il avait assez de cette mijaurée. Ils n’eurent pas d’enfants, ce qui n’est pas étonnant. Mais il se consola avec bien d’autres et elle aussi. C’était un autre temps. Les gens savaient ce qu’ils voulaient, à l’époque.»
Le petit Jésus s’endort en souriant… 200 prépuces ! Et pour une telle dinde. Enfin, c’est peut-être ça, l’amour ? N’empêche, il ne pourra jamais faire mieux. Quoique peut-être, qui sait ?

 David et Bethsabée

Joseph, en père consciencieux, continue comme chaque soir l’éducation sexuelle du petit Jésus qui à présent a de drôles de rêves. Toujours les mêmes, ce qui inquiète Marie. Des femmes nues, des choses délicieuses mais laides que l’on ne peut dire même à un père aussi compréhensif que Joseph.
«C’était il y a longtemps, avant que Jéhovah n’ait décidé de t’avoir. A cette époque, il était plus dur : forcément, lorsqu’on n’a pas d’enfants…» 
 


David [l’allure de Richard Berry dans «le Grand Pardon»], les yeux hors de la tête, zieute la belle Bethsabée [Sharon Stone], la femme d'Urie [Patrick Tilmsitt], son valeureux général, héros de plusieurs campagnes victorieuses, couturé de laides cicatrices et de plus borgne comme le Pen... Il la lorgne avec une longue vue en roseau depuis la terrasse de son palais, tout en écoutant distraitement ses vizirs lui parler de la guerre contre les Ammonites qui fait rage à l’est. La brise fait voleter les rideaux, le soleil matinal de Judée luit déjà fortement. Les Ammonites, pour l’heure, il s’en moque.

Comme tous les matins, elle prend son bain dans le bassin de sa modeste villa attenante au palais. Ainsi que tous les militaires, Urie, toujours à la disposition de son Roi, est logé tout près du maître. Les appartements de fonction, vois-tu, ça comporte des avantages, le confort et la gratuité, mais aussi des inconvénients : on est un peu esclave et il n’y a pas moyen d’avoir une vie privée. Si on a le malheur d’avoir une jolie femme, on ne peut éviter la convoitise des collègues ou supérieurs. Quant au Roi, n’en parlons même pas ! On ne peut rien refuser au Roi. C’est bien là le drame qui se noue : David est amoureux et ne pense qu'à ça. Bethsabée n'en ignore rien et, lassée de son reître de mari toujours indisponible et de plus en plus abîmé, elle le regarde aussi. Ils sont amants, à la satisfaction générale... mais enfin pour un adultère, c'est un adultère, et même un beau : Urie est le dévouement personnifié et c’est pendant qu'il combat pour son royaume que David en profite pour lui prendre sa femme. Jéhovah ne plaisante pas avec ça. (Lapidation, coupage de couilles etc)… Il n’est pas encore père, il faut dire, après il changera, grâce à toi. Bon, mais il est le Roi. 



 
Las ! De fil en aiguille, si j'ose dire, la belle se retrouve en cloque. Catastrophe : le mari guerroie depuis six mois en Syrie et il n'est pas revenu de tout ce temps. A son retour, s’il retrouve un bébé, ça va faire jaser... Certes, on peut toujours le tuer à la naissance comme c’est l’usage, mais David est un sensible et Bethsabée s’y oppose radicalement. Les femmes… David réfléchit : papyrus, séphers, ânes de course, il fait immédiatement revenir Urie du front sous prétexte d'une mission spéciale ultra secrète. Mission spéciale, tu m'as compris. Le brave accourt aussitôt, c'est-à-dire un mois après, aux ordres, le petit doigt sur la couture du péplum comme toujours. David invente une stratégie, bavarde chiffons, soupe avec son général... et le soir venu, lui ordonne, magnanime, de rentrer chez lui avant de repartir: sa femme l'attend avec impatience. L'autre refuse, outré: c'est contraire au règlement. En temps de guerre, lorsqu'on est militaire, on ne peut quitter le palais ni batifoler, même avec sa femme. C’est la loi. Le repos viendra après la victoire et seulement après. Service-service. David insiste lourdement : une petite entorse, ce n'est rien, il est le Roi, l'autorise et même l'ordonne. Mais le brave Urie se montre intraitable. Il ne connaît que la règle, pas question d'y déroger, même sur ordre : il dormira au palais, devant la chambre de son Roi, couché en rond sur le paillasson comme tout général se doit de le faire pour le protéger. Point ! David écume de rage.



Raz le bol de cet abruti. De plus, il ne pourra même pas sortir pour profiter au moins de la belle dont l'autre décidément ne veut pas... Le lendemain, la mort dans l’âme, il ordonne à Joab d'envoyer Urie au plus près des lignes ennemies... et... bref... de s'arranger pour qu'il ne revienne pas. Ce qui fut fait illico. Une flèche Ammonite le débarrassa vite fait du fâcheux. Funérailles grandioses et surtout mariage immédiat*, il y avait urgence... et le tour est joué.

Mais Jéhovah, fâché comme tout, vitupère... et fait mourir le bébé. Ca leur apprendra, à se moquer du monde. Le second enfant seulement vivra. Ce sera Salomon, du cantique des cantiques**. Quant à Urie, il repose au paradis des militaires... et des cocus. »
Le petit Jésus s’endort. Un sacré grand père, c’est le cas de le dire !

* Le lévitique autorisait et même recommandait dans certains cas à un frère d'épouser sa belle soeur veuve, ou à un chef, la femme de son subordonné décédé, afin que les enfants restent dans la famille ou dans le clan.

** Texte biblique érotique. (Rien ne se crée, rien ne se perd, sacré Salomon !)



Garde d’enfants ou le jugement de Salomon
Joseph poursuit l’éducation sexuelle de Jésus : Marie l’a ordonné, il a onze ans à présent et se montre très précoce… en tout.
«… C’était il y a longtemps… Il s’agit encore de l’un de tes grands pères, enfin arrière arrière, Salomon. Le grand Salomon, le meilleur et le plus sage des Rois. Tu te souviens ? » Le petit Jésus acquiesce. « Un homme pieux -reprend Joseph- et même plus que cela. Il était le fils de David et de Bethsabée, je t’en ai parlé…» Le petit Jésus, opine.
C’est l’histoire d’Urie, le général cocu dont David regardait la femme nager ?
Euh… Si tu veux» rétorque Joseph, un peu choqué. Mais après tout… La vérité historique est là. Et l’éducation sexuelle de Jésus s’avère plus facile qu’il ne craignait.
Il rendait la justice tous les vendredi avec une grande sagesse et était célèbre partout pour son intelligence et sa diplomatie. On venait le consulter de Judée et même de Canaan… ou de Rome. C’était aussi un incorruptible et un malin. 



Un jour, surviennent devant lui deux pauvres femmes en pleurs, misérables, toutes griffées au visage, avec un enfant nouveau-né qui braillait à ne plus s’entendre tuer.
Oh, grand Roi, cet enfant est à moi » dit l’une d’elle en se prosternant jusqu’au sol. 
— Pas du tout, n’écoutez pas cette folle, ô, noble fils de David, c’est le mien qu’elle a volé, la salope. Le sien est mort cette nuit. »
Ton papet ne se frappe pas pour si peu.
Centurion ! -ordonne-t-il- ces harpies me fatiguent, j’ai une pile de tablettes plus urgentes, des comparutions immédiates, avec la délinquance en ce moment, c'est l'enfer, enfin  je veux dire que je n'arrête pas. Coupe cet enfant en deux et donne leur en la moitié à chacune.»
Le centurion s’avance, son épée à la main, pas content du tout. Il marmonne entre ses dents, qu’il n’a plus d’ailleurs… Ces affaires familiales, ces partages d’enfants, ces divorces, raz le bol, il ne s’est pas engagé pour ça … En plus, c’est une affectation peu glorieuse, les femmes s’enfuient dès qu’il tente de les approcher lorsqu'elles voient son badge (service des partages familiaux) et le célibat lui pèse. Ce n’est pas une vie de couper des enfants en deux tout le temps etc… Puis il se calme : Salomon est le roi, après tout et il sait ce qu’il faut faire en toutes circonstances.
Dans le sens de la longueur ou de la largeur, ô noble Roi ? » demande-t-il en tenant l’enfant à bout de bras, l’épée levée. Aussitôt, une des femmes se jette sur lui : 
— Si tu touches à mon fils, je t’arrache les couilles et je te les fais bouffer. » Le centurion, excédé, soupire encore : en plus, c’est dangereux, les affaires familiales, on va vite à attraper un mauvais coup ! Il préfèrerait tous les philistins de Judée à cette furie échevelée aux ongles peints, sans doute tranchants comme des couteaux. Salomon, aussitôt, sourit et étend les bras en majesté, satisfait.
Donne l’enfant à celle-là : c’est son fils, tu le vois bien, non ? Espèce d’idiot… » 
Soulagé, surtout pour lui, le centurion s’exécute, non sans vitupérer après la mère. 
— Prend ton chiard et ne m’emmerde plus. 



L’autre hurle de désespoir, le supplie. Salomon la regarde : malgré ses misérables vêtements, elle est fort jolie, brune aux yeux de braise, et la poitrine… ma foi… le grand Roi se prend à rêver, à l'imaginer tout autrement attifée, en danseuse... ou...
Mais tu en auras d’autres, allons !»
Inconsolable, la femme sanglote de plus belle.
Ah oui ? Mais, noble Roi, je n’ai plus de mari ! Et puis je suis pauvre comme Job : qui voudra de moi à présent ? »
Le regard de Salomon s’allume : elle est vraiment très belle… Comme David son père, c’est un connaisseur… mais hélas, il est Juge : ce serait de la corruption et… bref, cette affaire lui ferait perdre au moins deux points dans les sondages… A regret, il se tourne vers le centurion qui a rengainé son épée et demeure au garde à vous, impassible.
Epouse cette femme immédiatement et fais lui un fils, c’est un ordre. »
Le centurion est ébloui : s’il s’attendait à ce dénouement ! Les affaires familiales, finalement, ça a du bon, lorsqu’on n’a pas à couper des enfants en deux. La vie lui sourit miraculeusement… enfin, pas si sûr ! Il faut que la fiancée veuille bien de lui, le roi est comme ça,  très moderne, pas du tout du genre je t'embarque et je te ficelle sur mon chameau après avoir laissé une vache ou deux à la famille selon le bon usage (si pratique) d'autrefois qui économisait hammam, barbier, poèmes et affer shave... Et celle-là n'a pas l'air commode... Bref, ce n'est pas gagné d’avance… Il se prosterne.
Merci, ô mon Roi bien aimé … »
La femme, en revanche, le toise sans aménité. Le centurion frémit : ça va foirer, c’est sûr, un coupeur d’enfants en deux qui sent le gilet pare flèches en peau de bouc, elle ne voudra jamais. Mais Salomon la prend à part : 
— Bon, il n’est pas top, le pauvre, je le sais bien, mais il est serviable, pas compliqué à nourrir, jeune et vigoureux et il gagne 100 talents et 3 mines par mois. Je sais que c’est peu, mais un traitement de fonctionnaire, c’est du sûr. Il a la retraite à 80 ans et une étable de fonction près du palais avec l’huile des lampes et le crottin gratis, je ne suis pas chien. Et puis, en cas d’accident, car il est vrai que la profession est périlleuse, si tu te trouves veuve, tu as automatiquement la réversion de sa pension et les allocations de parent isolé… Et euh… et parfois même, enfin, si tu restes aussi jolie… moi avec, comme c’est l’usage. J’ai certes déjà 993 femmes (les soldats meurent beaucoup en ce moment) mais j’en prendrais volontiers une 994ème comme toi si… disons si l’occasion se présentait. Ca te fait penser, non, ô fille de Jérusalem ? Presque reine, ça ne te dit pas  ?
La femme sourit, jette un regard au centurion qui s’est redressé mais ne peut cacher son angoisse… et enfin, hoche la tête. Salomon les marie aussitôt. Ravie, la première part en serrant son fils dans ses bras ; l’autre, moins heureuse, avec le centurion… qui finalement sut lui plaire, lorsqu’il fut correctement appareillé avec des dents de lait de chameau retaillées, comme cela se faisait beaucoup chez les meilleurs barbiers à Jérusalem… (Ton papet avait gagné au moins dix points aux sondages,  c'est simple, on en parle encore.) Le centurion et la femme furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Lorsqu’il mourut au cours d’un combat contre les philistins, Salomon la prit pour… attends que je compte… 1003 ème épouse, je crois, je m’y perds un peu et elle eut encore un fils du Roi, le 3001ème. C’était un sage, ton papet. Et un futé.»
Le petit Jésus s’endort et rêve : plus tard, il fera comme lui. 1003 femmes et 3001 enfants, pourra-t-il ? Autrefois, les hommes étaient des hommes, quoi… 
 


Un enfant difficile. Rapports médicaux

Nazareth. Un conseil de classe de collège. Le petit Jésus a encore fugué. Le principal adore cet élève pourtant prétentieux et ingérable.
« Cet enfant a des excuses. Sa vie fut difficile, même s’il fut aimé et bien soigné » etc… C’est ce qui ressort des rapports des professeurs, des médecins et des psychologues sur Jésus. Certes, il a eu plusieurs fois maille à partir avec la police, mais… les immigrés, même revenus au pays, n’ont jamais la vie simple : il doit faire un syndrome post traumatique. Celui-là est même né dans une étable, ce qui est très mauvais pour l’hygiène d’un nourrisson. Il lui faut prêcher l’indulgence. Il s’y emploie.
«Pensez, chers collègues ! Ses parents sont des réfugiés politiques ! Imaginez leur vie ! La fuite devant les persécutions, à dos d’âne… Des embouteillages, car la famille David n’est pas seule à fuir. Les premiers-nés mâles sont tués, ça ne rigole pas… On les laisse passer la frontière. De justesse. 



Puis il naît dans la banlieue d'un bidonville palestinien: une grotte. Ils seront relogés  peu après  par l'association Emmaüs qui se fit une belle pub avec ça (étant donné la suite.) Ses parents sont travailleurs, pieux, tout le monde les apprécie. La petit Jésus grandit. C’est un drôle de loustic et Joseph est un peu dépassé, trop laxiste. L’enfant se dit fils de Dieu, sèche l’école, fait la leçon à ses maîtres, qui, devant son arrogance lui flanquent des colles, puis fait carrément une fugue. Plan Ambert, on craint le pire, la région grouille de pédophiles et de militaires romains, qui souvent sont les mêmes… Marie le trouve finalement en train de prêcher, l’engueule et le ramène par l’oreille au turbin (l’atelier de Joseph) : il y a des commandes, les impôts dont ces foutus romains occupants accablent les petits artisans,  la CSG, des planches ébarber : pas question de buller… Elle le fait soigner par un psy qui lui ordonne du largactil : paranoïa à tendance psychotique, hallucination, le cas est grave. Il refuse de prendre ses médicaments et les garde sur lui, ça peut servir. Il est le fils de Dieu, point ! Et il va le prouver.


Le casseur du temple

L’adolescent a inventé un jeu : il a dressé des dauphins sur lesquels il monte et qui foncent sur le lac, cachés sous l’eau. Jésus, debout, remporte ainsi un franc succès auprès de ses camarades. (C’est ainsi que naquit le ski nautique.)





Il prêche aussi devant le Temple, injurie les prêtres, écorne les idoles… et va même jusqu’à casser les étals des marchands : une crise de fureur qui l’a pris devant l’encombrement, les embouteillages de chars, les cochers qui crient, le marché trop animé, les enchères à la criée troublant ses prêches. (Il n’a pas d’amphore c'est-à-dire de micro.) Les flics d’Hérode Sarkozy l’embarquent aussi sec en garde à vue et le bousculent un peu. Il tend la joue gauche certes… mais il les met tous KO à la savate, car il est fort entraîné. Les Commandements disent de tendre la joue gauche mais ils ne disent rien sur les pieds. Il est condamné à 100 h de travaux d’intérêt collectif, il doit balayer les cellules et nettoyer la place où il a mis le binz. Marie finit par le dédouaner (elle paye une amende salée). Il risque d’être expulsé et tente de faire valoir son statut de réfugié politique. Maître Vergus se propose de le défendre. Procès. Les médias, la LICRA (ligue contre l’antisémitisme) accourent. On lui donne une autorisation de séjour provisoire à condition de ne plus faire de politique. Il consent. Marie est soulagée.


Danse des sept voiles
au rendez-vous des prophètes

Mais il prêche toujours, en privé seulement. En privé, tu parles ! Ce jour là, il parle devant un auditoire enflammé, dans un petit troquet enfumé, «au rendez-vous des prophètes». Il est le fils de Dieu etc… Des pochetrons l’écoutent, à demi endormis. Certains se marrent, d’autres, sont fascinés : shit, picole et ecstasy, il est le caïd de l’estaminet. Entre Marie-Madeleine avec Salomé (en gogo girls ou entraîneuses). 

 

Marie-Madeleine, que tous les mecs reluquent, s’assoit carrément à ses cotés. Les types râlent. Cheveux, parfums, elle met le paquet : ça ne lui déplaît pas… Danse des sept voiles de Salomé (danse orientale très acrobatique -entre Holiday on ice et Nadia Gamal-)… Il se tait enfin, ébloui… un peu gêné car il bande. Salomé, bien dressée par sa mère Hérodiade, sa prestation finie, vient  gentiment  lui réclamer... la tête du procurateur Hérode Sarkozy son roi de beau-père qu’elle déteste (car il vient de répudier sa mère Hérodiade).  Après Jean-Baptiste, c'est chez elle devenu une habitude dès qu'elle sent qu'elle a un admirateur. C'est une bonne fille, très obéissante, qui adore sa maman. Des comme elle, il en faudrait plus de nos jours où les jeunes ne respectent rien.


Hérode est présentement harcelé par le fantôme de Jean-Baptiste qu’il a fait décapiter pour plaire à la belle, Jean-Baptiste dont la tête, seule le poursuit et lui répète : il te faut répudier Hérodiade, cette salope, cette pute… à l’infini. Cauchemars, etc… Jean-Baptiste hait Hérodiade, qui, il faut dire, a poussé son Roi de mari à le faire raccourcir ; jusque dans la mort, il la poursuit de sa vengeance. A présent répudiée, elle se sert encore de Salomé, née d’un précédent mariage, pour recruter un tueur ou un magicien, cette fois contre son ex. Jésus refuse. Du coup, Salomé se fâche : il payera seul les consommations, tant pis pour lui, ainsi que sa prestation car elle ne danse pas pour des... prunes disons, il faut que le client soit compréhensif.  C'est énorme. Marie-Madeleine, très riche, propose de s’en charger, Jésus refuse, pas question, il n’est pas un gigolo, non mais. Champagne, etc… ça coûte ! Il prie, il va falloir un miracle. Mon père aidez-moi.



Vocation et réussite

Vaisselle magique

Comme il n’a pas assez d’argent, le patron, Gabriel, (l’Ange) fort mécontent, lui ordonne de faire la vaisselle et le ménage : c’est alors qu’il change sans y penser l’eau en vin... et que toute sa vie va changer avec ! Eberlué, le bistrotier, qui voit le filon, lui propose un contrat en or avec un pourcentage intéressant sur les recettes. Jésus accepte avec joie. Enfin, une vie agréable, avec Marie-Madeleine, les disciples, le pinard, ça le change de l’atelier puant et des scies de Joseph… Le vin coule à flot au « rendez-vous des prophètes» tout le monde s’amuse sans retenue, sauf un jour où par étourderie Jésus change le vin (dans les verres) en eau… Emeute etc…

Mais Salomé, sournoise, avertit Marie (qui fait parti de la ligue anti alcoolique). Elle surgit et fait scandale. Et les pauvres ? Les compagnons d'Emmaüs à qui ils doivent tout ? Les SGF?  (sans grotte fixe) Qu'est ce que c'est que cette vie de débauche  ?

Le fils de Dieu se fait boulanger

C’est alors, pour la calmer, que Jésus multiplie les pains et les distribue : elle cède donc pour le vin… et ouvre aussitôt une boulangerie à côté du troquet où elle fait fortune. Joseph, lui, quitte son atelier miteux et s’occupe à présent d’une boutique de souvenirs pieux, encens, médailles, miracles à la demande, psychanalyse didactique et classique, retour d’affection etc... Les clients affluent, avertis par les rois Mages (Melchior, Balthazar, Gaspard…) qui ont suivi l’étoile. Ils croyaient trouver une crèche, ils trouvent un estaminet et, la première surprise passée, ça ne leur déplaît pas.

Elections à Jérusalem


La fortune de la famille David (c’est le nom de famille de Jésus) devient colossale. Mais il est toujours sous le coup d’un arrêté d’expulsion pour l’affaire du Temple, et de plus il a réitéré ses casses. Son sursis risque de tomber. Il change donc de nom, se fait appeler Jésus Bovus et, devant sa popularité, décide de se présenter comme procurateur aux élections. S’il est élu contre Hérode Sarkozy… il pourra ainsi invoquer son immunité parlementaire.

La taupe Ségolène

Les romains ont peur. Le tuer c’est en faire un martyr, ils préfèrent agir autrement. Ils lui envoient Ségolène Cléopâtre, la fille de Cléopâtre la grande, roulée dans un tapis, avec mission de le conquérir et de le retourner en leur faveur. Marie-Madeleine, jalouse et bien avisée, décide de faire empoisonner sa rivale, comme Cléopâtre l’a été (elle s’est suicidée) à l’aide d’un aspic (un serpent venimeux dont la morsure est indolore). 



Crime passionnel

Salomé, qui a posé des amphores (des micros) partout, l’apprend, le rapporte à Hérodiade, (sa mère, la reine déchue), qui s’en va aussitôt avertir Marie. Son fils est un imposteur, et aussi un Don Juan qui fait des ravages : un assassinat se prépare pour ses beaux yeux etc... Marie s’indigne. Elle impose à Joseph, à qui elle reproche sa coupable indulgence, de ramener dare dare le chiard à la maison et de le sermonner sec. Qu’il se tienne enfin à carreaux, elle en a assez de tous les ennuis qu’il cherche à plaisir. Jésus, devant elle, demande pardon. Elle l’admoneste : il va mal finir, sûr. Pendant ce temps…

4 Une étoile est née

Naissance d’une star

Pendant ce temps, Marie-Madeleine, dénoncée par une tablette (lettre) anonyme, est condamnée par le Sanhédrin (le tribunal religieux juif) à être lapidée, soi disant pour adultère. En réalité pour projet d’assassinat de Cléopâtre, la taupe des romains. (Le sanhédrin, dont les chefs sont Pétinus et Caïphe Barbie, par intérêt économique et politique, flagorne servilement l’occupant romain.) Des collabos.


Lapidation ratée

Jésus, averti, fait le mur de la maison de ses parents après avoir mis du largactil dans leur galette à la place du levain, (c’est de là que vient le pain lazyme). Lorsqu’il arrive sur la place, les juges, pour l’embarrasser, lui demandent ce qu’il pense de la sanction contre Marie-Madeleine et s’il compte la commuer (c’est un piège : s’il consent, il sera considéré par le peuple comme un traître cruel, et s’il la gracie, il sera vilipendé pour collusion avec une condamnée). Astucieusement, Jésus prend une pierre et demande à l’entour au tribunal que celui qui n’a jamais péché la jette en premier. Les juges s’en vont tête basse et Marie-Madeleine est aussitôt portée en triomphe par la foule jusqu’à l’estaminet. 

Naissance d’un patron de presse




Baiser hollywoodien, portrait sexy rapide, les médias people préparent vite fait leurs tablettes pour le tirage du lendemain. On ne dormira pas beaucoup cette nuit là. Mise en page au marteau-burin, impression papyrus au jus d’avocat concentré, rouleaux séchés au four et introduits dans des séphers (des tubes de fer reliés qui vont par paire et permettent de lire en déroulant petit à petit le papyrus sans l’abîmer, les juifs lisent encore la Bible de cette manière) la routine : le tirage est prévu à 200, le record, des ânes attendent pour livrer car c’est un scoop, une urgence absolue (d’habitude, ce sont des bœufs, qui livrent également le poisson frais). Les gros titres éclatent «Marie-Madeleine sauvée par Jésus» … «Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre»… ça va faire un tabac pas possible ! Le patron de presse, Judas Lazarus, se frotte déjà les mains. Une succès story qui va peut-être durer prévoit-il. Il compte d’avance ses talents (c’est l’unité de monnaie). 30% à l’ânier (le diffuseur, c’est obligé, l’avoine a encore augmenté) 30% au carrier (l’imprimeur) 10% au crieur (le libraire) il lui reste quand même 30%. Avec Melchior et Balthazar comme attachés de presse, l’affaire est juteuse : le filou ne paie ses journalistes-burineurs que 1%, autant dire rien, (ce sont des étudiants en CPE qui travaillent à mi temps, juste 8 heures par nuit.) Lazarus a raison : elle dure encore. 

 
Les messageries hachettus


Engagement politique
Une enquête de Caïphe Barbie
Serial killer à Jérusalem
Jérusalem, l’an 32. L'heure est grave. Un impitoyable serial killer de coq sévit. Tous les coqs de Jérusalem disparaissent les uns après les autres ! Lazarus (avec Jérusalem–Match, son hebdomadaire devenu incontournable, il tire jusqu’à 200 exemplaires par semaine, c’est énorme), l'affaire prend une dimension internationale. Tibère est avisé. Le fait est que le mystère intrigue et navre le peuple juif. On ne parle plus que de ça même au Temple ou au « rendez-vous des prophètes ». Couic, plus de coqs, on les trouve tous les uns après les autre occis, dans les ruelles, partout. Grippe aviaire ? suppose Hérode, inquiet car les Ammonites en sont atteints et tout compte fait, à jet de caravane, ils ne sont qu'à trois jours. Non, il ne semble pas pourtant, les volatiles se portent même fort bien, chantent du matin au soir comme tout coq le doit… avant d'être décapités dans la nuit par un tueur anonyme qui rôde. Les poules sont malheureuses, ne pondent plus, il faut trouver le coupable etc…  
Ultimatum de Tibère
  Tibère, à Rome, s'impatiente : il faut que la police trouve l’assassin ou il va jeter tout le monde aux lions, Hérode en premier, il n'est pas question que l'autorité de l'Empereur, même dans une province aussi reculée, soit ainsi bafouée par ces juifs à la noix etc… Hérode prend peur. Coup de théâtre : il appelle à une conférence de presse (Lazarus prépare ses papyrus et se pourlèche) … au cours de laquelle il assure tenir enfin une piste. Le jour même en effet, Judas est arrêté au « rendez-vous des prophètes » alors qu'il écoutait sagement Jésus prêcher, derrière un verre de punch, un peu pompette comme d’habitude. Scandale, tous protestent, Jésus s'interpose, les centurions l'envoient valdinguer. Marie-Madeleine, toujours pratique, offre de se porter caution, voire quelques prestations de son cru auprès d'Hérode, qui, bien que fortement tenté, se voit obligé de refuser : Lazarus note tout, le Roi ne veut pas faire la une de la presse à scandale dont Tibère raffole. Sa tête est en jeu.
Interrogatoire musclé, sans plus

Le patron de presse assure qu'il va suivre l'affaire de très près : du coup, en effet, Judas n'est pas torturé comme c'est l'usage, ou beaucoup moins, juste pendu par les pieds une heure ou deux au dessus de la fosse aux crocodiles, sa tête presqu'à portée des mâchoires des bébêtes intéressées. Il nie toute implication sur le crime des coqs.
  Mais il se trouve qu'il a été rapporté (par les amphores – les écoutes-) du SCI (service de contre espionnage d'Hérode dont Caïphe Barbie, le grand prêtre, un sadique de première, est le chef redouté) … il a été rapporté que Jésus avait dit en public à Judas (tout en cajolant Marie-Madeleine, un scandale de plus) entre la poire et le fromage, qu'il le trahirait au troisième chant du coq. L'indice est troublant. Ne serait-ce pas Judas, qui, pour éviter d'être démasqué, occirait préventivement tous les coqs qu'il peut trouver sur son chemin ? Accablé, menacé de servir de souper aux crocodiles, Judas finit par avouer. Hérode lui propose alors un marché : il sera relâché sans peine mais ne touchera plus aux rares survivants... et bien sûr, trahira Jésus tout de même, c’est ça le plus important. Tant pis s'il est lynché par la foule des fidèles dont on peut prévoir la violence dans de telles circonstances. Judas exige des faux papiers pour fuir immédiatement.

Un suicide d’une flèche dans le dos
Et il consent… En effet le seul coq qui demeure  (celui de Salomé qu'Hérode a volontairement laissé devant l'estaminet) va chanter trois fois, dénonçant le dénonciateur. 
 
Terrifié, Judas s'enfuit et se suicidera… d'une flèche en plein dos, ce qui fit jaser. Vengeance ? De la part de qui ? Des chrétiens ou des romains qui auraient voulu faire taire un comparse qui en savait trop ? Les chrétiens accusent les romains, qui auraient aussi imaginé de jeter le discrédit sur eux, une pierre, deux coups. Les romains font de même. Lazarus s'active frénétiquement. «Suicide suspect d'un disciple de Jésus juste après l'arrestation de celui-ci. Le SCI de Caïphe Barbie impliqués. Une affaire louche… » Encore des tirages, encore de l'argent, il se frotte les mains.
Liberté de la presse
Mais Caïphe Barbie et Hiram Poutinus, sermonnés par Tibère qui a délégué ses ânes de course vers Jérusalem avec un papyrus où se trouve seulement dessiné… un lion affamé… avec « cave leonem »… vont le trouver à la carrière (la photo compo) où, en impitoyable patron, il surveille de près, comme toujours, ses pauvres journalistes burineurs: 
— Tu arrêtes tout illico. C’est un ordre. Tu veux finir comme Anna Politvoskaïa ? 
— Qui est-ce, celle-là ? Une pharisienne terroriste ? Une collègue dissidente ? » Caïphe ricane : 
— C’est dans le futur, tu verras, c’est quelqu’un qui se croyait plus fort que nous …. 
— Ou avec un kebab au polonium ? » ajoute Poutinus, sarcastique. Lazarus ne comprend pas, il a peur mais ne se laisse pas intimider. C'est une question de liberté d'expression. Point. Il ne cèdera pas.
Il sera immédiatement tué et mis au tombeau sous les yeux de ses journalistes burineurs horrifiés : qu’à cela ne tienne, Jésus, alerté, le ressuscite à peine une heure après. La liberté de la presse n’est pas un vain mot. Les journalistes s’y remettent, sous la direction de Lazare encore dans son linceul qui ne fait qu'éternuer,  un peu inquiets tout de même. Ils réclament une prime de risque par l’intermédiaire de leur délégué syndical, Siméon. Lazare, encore sous le coup de sa mort récente, proteste, mais, devant la menace de grève illimitée, consent.
Grouillez-vous, bordel de merde, ma résurrection, c’est encore meilleur que le coup du vin ! L'étoile brille de plus en plus, vous ne voyez pas ?




6 Vie privée et press people

Jérusalem-Match. Scène de ménage chez les David j.r.
Un amour –presque- sans nuages
Jésus a épousé en secret Marie-Madeleine. Ils filent le parfait amour, sortent souvent, retrouvent les disciples au rendez-vous des prophètes, picolent (un peu de shit aussi, mais très peu, ça lui donne mal à la tête) et voyagent beaucoup. Leur notoriété est devenue internationale. Mais celle-ci veut absolument un enfant, ce qui n’emballe pas Jésus, mais alors pas du tout. Les femmes… Il parlemente laborieusement :
L’avenir est incertain… et je suis le fils de Dieu, j’ai des responsabilités… 
— Il n’est pas dit que Dieu ne devrait pas être grand-père… . 
— Soit. Mais les medias ! Je suis une icône, j’ai un rang à tenir, des disciples ... 
— Et alors, les disciples ? N’est-il pas dit dans le livre «croissez et multipliez » ?  
— Certes certes… (Jésus est gêné.) Mais cela ne me concernait peut-être pas… 
— S’il t’a fait homme, c’est pas pour des prunes, tu ne crois pas. Réfléchis ?... 
— On en parlera dès que la situation sera stabilisée, je te promets, croix de bois… 
— On va en parler maintenant parce que je suis enceinte, et pas du Saint Esprit. 
— Quoi ? Mais ce n’est pas possible, on avait bien calculé (chut) enfin… Papa !… 
— Oui, mais quand tu es revenu du désert, tu te souviens, je t’avais dit que c’était... 
— Risqué, oui, oui, je me rappelle. Mais… un mois dans le Désert ! Mea culpa… 
— Et puis des bébés Oginus, ça court la via Appia. Tu ne vas pas te défiler ? 
— Mon Dieu ! Papa ! (Jésus tombe à genoux. Marie-madeleine, excédée, soupire.) 
— Quel enfant tu fais ! Un problème et tout de suite : papa ! Les mecs !


Dieu, ou l’art d’être grand-père
Jésus file au Temple. Il congédie, pour une fois, assez grossièrement, les disciples qui encombrent l’esplanade et veulent des miracles, encore des miracles, toujours des miracles. (Font chier, ils vont finir par avoir ma peau, des miracles, j’en aurais bien besoin pour moi). Jésus est de mauvais poil, soit, il a des ennuis familiaux sans doute. Ils s’écartent un peu. Ca ira mieux quand il sortira. Il entre et s’abîme en prières : 


 
Mon Dieu, papa, j’ai fauté, que dois-je faire, je me suis laissé dépasser par… » Jéhovah derrière les séphers, s’agite, se réveille pesamment, bâille et tonne… 
— Qu’est-ce qu’il y a encore, toujours des histoires avec toi, je n’ai pas que ça à faire. »  Jésus avoue, s’explique piteusement, tremblant de peur et de honte. Jéhovah soupire. 
— Ca ne m’étonne pas : Joseph, certes un bien brave homme, n’a pas su t’éduquer, et une vierge comme mère, on a beau dire, ça fait genre mais ce n'était peut-être pas le choix idéal. Les familles d'accueil, j'aurais à faire… Surtout qu'avec tout mon boulot, je ne pouvais avoir l'œil partout... mais le résultat, le voilà...
— Mais que faire à présent ? Marie-Madeleine n’est pas à prendre avec des pincettes … 
— Laisse moi réfléchir un peu, tais toi et prie. C’est jouable. Je suis Dieu après tout. Grand père… Finalement, ce ne serait pas si mal…
Au bout d’un moment, la voix de Jéhovah se fait à nouveau entendre, plus calme : 
— Bon… Ce sera une fille. Elève la en secret. Je ne veux pas de publicité, hein ? 
— Merci, mon père… Ainsi, il ne faudra pas en parler du tout ? Mais Lazarus… 
— Celui-là ! Motus ! Ca casserait ton personnage et je me suis me donné assez de mal. 
— Mais tu ne connais pas Marie-Madeleine. Elle adore… euh, elle veut, être connue. 
— Les femmes !… Qu’elle patiente un peu… disons pendant 2005 ans. Après, ça ira, elle pourra faire toutes les actu, tous les JM* qu’elle voudra, je m’y engage, non de moi… 
— Que se passera-t-il dans 2006 ans ?
Jéhovah disparaît sous le tabernacle dans un fracas de séphers, tout en bougonnant : 
Ca, c’est mon affaire coco. Après, ça sera intéressant de te faire de la pub. Je lancerai un best seller. Avec un autre personnage. Tout différent, plus nature, plus humain, quoi, plus vrai. Tu verras, ça se vendra tout aussi bien. Il faut savoir s’adapter, comme dit Lazarus. Au fait comment il va celui-là depuis que tu l’as ressuscité ? Il paraît qu’il a attrapé une bronchite (ces tombeaux sont d’une humidité, c’est l’enfer, enfin je veux dire c’est gênant.) Il va te falloir prendre des mesures si tu comptes les ressusciter tous. Pas la peine de les sortir pour qu’ils périssent de pneumonie, c’est du boulot d’arabe, ça. Allez, sort fissa faire un miracle ou deux, ils t’attendent, les hilotes. »
Alléluia ! Jésus sort soulagé, léger. La vie est belle. Du coup, il guérit tous ceux qui l’attendent en bloc. Excusez moi, mes amis, je n’ai pas le temps de faire de détails, allez hop, en selle, laissez moi passer. »
Mais dans sa hâte, il se mélange un peu les pinceaux : le lépreux devient aveugle, le sourd, cul de jatte et le paralytique, vérolé ... Sa femme, devant le désastre, lui fait subir une mercuriale de première : 
— Tu marches, soit, c’est très bien, mais où t’as attrapé ce truc immonde ? Ne me dis pas que c’est sur des cuvettes de WC, ça ne prend pas… Un miracle ?  De Jésus ? Tu te fous de moi ou quoi ?  Il va voir de quel bois je me chauffe, moi, ton Jésus ! »
Le soir même, indignés, ils font tous le siège du «rendez-vous des prophètes » pour le service après vente. Jésus, qui fête son soulagement, sort, pompette. (Excusez-moi mes amis, je reverrai ça demain, là je suis pas trop en état)… Mais rien à faire, la foule gronde, il lui faut réparer ses bavures. (Font chier, jamais tranquille, tu leur donnes un doigt, ils te prennent le bras, c’est la faute à Lazare et son hebdomadaire, aussi… si j’avais su, je l’aurais laissé mort…)
*Jérusalem-Match, (JM)


7 Vie publique
Menaces de Jésus, le scoop, Jean-Baptiste ressuscité
Tout va bien pour Jésus. Mais voilà que Lazarus veut un scoop. Ses tirages stagnent, et même le dernier Jérusalem-Match a presque fait un bide. Car Marie-Madeleine n’apparaît plus beaucoup, à présent. (Elle est ronde comme la tour des lamentations, peu montrable et… prétend faire une retraite pieuse pour expier les péchés du monde.) 
— Fais quelque chose, ça ne va plus… » Jésus proteste : il n’est pas là pour la pub… 
— Sans moi, tu scierais encore des planches chez Joseph, tu me dois bien ça… non ? Soit, Jésus accepte. Depuis longtemps il y pensait d’ailleurs. Ce sera un grand coup. Il va… ressusciter… Jean Baptiste ! Aussitôt dit, aussitôt fait.
Hérode craque : dépression nerveuse, hôpital, burinochocs (l’ancêtre des électrochocs, dont les maçons -et les journalistes burineurs- se sont fait une spécialité de plus en plus demandée : un mois de stage chez Caïphe Barbie et ils savent tout sur l’art de donner un coup de burin sur la tête, bien placé, ni trop fort ni trop faible etc)… Hérode le petit, ainsi l’appelle-t-on à présent ! Il s’est donné tant de mal pour le décoller, celui-là, cette grande gueule mal embouchée qui même mort, le poursuivait encore… Alors, le revoir en un seul morceau et surtout l’entendre tonner à nouveau est plus qu’il n’en peut supporter. 

 
 
Et c’est parti ! Jean-Baptiste sort du caveau, un peu enrhumé certes, mais toujours d’attaque. On lui recoud sommairement la tête sur les épaules, un peu à l’envers car la décollation a abîmé son cou… et le voilà qui fonce illico au palais avec ses invectives habituelles, suivi de Lazare, dans son linceul lui aussi. Il n’a rien perdu de son punch ! Quelle hubris ! Lazare jubile : et c’est magnifique. La K7 se remet en route seule : 

 
 
Inceste ! Iconoclaste ! Tyran ! Pute d’Hérodiade ! Collabo ! Païen ! Baiseur infâme! Violateur de la loi ! Profanateur ! Epoux de la femme de ton frère ! Adultère ! Fratricide ! Salope ! Maudit ! En enfer ! Sois rôti ! On t’arrachera la peau des couilles et les yeux… » 


 En plus, ce fondu s'est procuré une trompette ! Ca n’arrête pas, c’est pain bénit… Hérode se tient la tête entre les mains. Il faut le clouer celui-là, sinon il va devenir fou. Lazarus note une idée de titre. « Nouveau miracle de Jésus, Jean-Baptiste ressuscité… Le palais en émoi… » … « La santé de Sa Majesté Très Honorée nous inquiète… » « Scandale à la cour… » En lettres d’un demi palme. Ca marche ! Merci Jésus. Le tirage atteint les 250 et ne fait que monter, il va falloir réimprimer…
Tout va bien à Jérusalem au « Rendez-vous des prophètes ». Quant à Hérode, il est sous tranquillisants : anéanti par les burinochocs, il dort sur un tas de fumier dans la cour du palais... grogne et refuse de bouger. Hérodiade, prudemment, a quitté le pays. Elle est en croisière au club med avec un gigolo sur les bords de la mer Morte vers Sodome où l’immobilier, depuis les événements que l’on sait, n’est pas cher du tout (ainsi que le sel). Raz le bol de ces juifs. 


  
Jésus étourdi
Jésus est à Gérasénie, célèbre pour ses géraniums dont il veut acheter des plans pour Marie-Madeleine. (C’est la Saint Valentin.) Comme d’habitude, une foule lui réclame un miracle. Pas moyen d’avoir une vie privée lorsqu’on est le fils de Dieu. Cette fois, il s’agit d’un pauvre homme, d’un fou, possédé par sept démons, pas un de moins, qui vit près d’une falaise. Soit, dépêchons nous avant que le magasin ferme consent Jésus. Il s’approche du gus, nu et sale, qui hurle, enchaîné… et ordonne aux démons de sortir. Mais, chose inattendue, voilà que ceux-ci parlementent. Négociation : on veut bien, mais où ira-t-on ? On est habitués à celui-là, depuis le temps qu’on l’habite… Jésus, pressé, avise alentours un troupeau de superbes cochons qui paissent, avec leur berger placide. 
— Allez là, il y a de quoi faire, ils sont au moins cinquante… » 


 
Les démons sortent aussitôt, un courant d’air glacé balaye les disciples... Le brave homme redevient normal… mais les cochons, devenus fous, sautent, crient… et, au grand désespoir du berger, se précipitent tous du haut de la falaise. Là, ça ne va plus : le manque à gagner est énorme. Cinquante cochons, et des meilleurs, bien gras à point, occis d’un coup ! Les paysans râlent… des miracles comme ça, je t’en foutrais… Jésus, pressé, file chercher ses géraniums sans écouter leurs doléances… Il a perdu trois points à l’audimat. Concertation des hilotes : ils vont tous l’attendre au rendez-vous des prophètes et on verra ce qu’on verra. Miracle, miracle… faut quand même pas faire n’importe quoi. Il lui faut se rattraper fissa.
Le coup des poissons
Lazarus ne rigole pas, mais alors pas du tout, les sondages sont en baisse (et même Jean-Baptiste, le premier flash passé, va finir par lasser car comme Arlette, il se répète) : 
— Ils sont furax ! Le paralytique vérolé… le cul de jatte sourd… le lépreux aveugle… et maintenant le coup des cochons fadas, tu déconnes ! Si tu continues comme ça, en trois jours, tu es cloué. Ca fera des tirages, d’accord, mais après… Il te faut penser à ton avenir. Et aussi au mien !» Jésus s’excuse. Il était pressé, dans la lune, quelques soucis familiaux, il n’a pas pu faire mieux et ces paysans, avec leurs cochons suicidaires commencent à le courir. On va les indemniser suggère Lazarus. Les paysans adorent les subventions. Soit. L’idée est bonne. 

  
Survient alors Simon, dans tous ses états. Il est le fournisseur attitré du « Rendez-vous des prophètes » (qui sert à présent midi et soir des repas très convenables, à base de poisson frais pêché dans le lac de Tibériade où Jésus s’amuse encore avec ses dauphins pour épater les disciples et faire monter l’audimat). Cette fois, ils n’ont rien pris, ou quasiment : quelques « scrupules » à peine (un scrupule ne fait que 1,13 g) : les poissons, il y en a de moins en moins depuis que les dauphins, trop nombreux, les bouffent. La faute à qui ? (« C’est qui qui marche sur les eaux et interdit qu’on les chasse, ces poiscailles ? Euh… Jésus élude, il voudrait bien accuser Brigitte Bardus, mais ils ne savent pas encore.)
Ca tombe mal. Gabriel, sa toque sur le chef et son épée au vestiaire, râle : il attend une énorme tablée, tout est réservé, il y aura Jean-Baptiste, sa tête toujours à l’envers, Jean-Baptiste qui a prévu une soirée à thème au cours de laquelle il va, comme son nom l’indique… baptiser tout le monde… Une foule, à coup sûr : s’il n’y a rien à manger, il y aura une émeute se lamente Gabriel. Et puis le manque à gagner sera énorme. Il escompte 10 000 talents car il a investi dans une terrasse top avec pare soleil en or et des vigiles haut de gamme… Qu’à cela ne tienne, Jésus file avec les pêcheurs au lac et leur demande d’envoyer le filet... qui remonte plein. Plus de cent mines (50 kg) ! Gabriel peut enfin préparer sa friture. Ce qu’il ignore, c’est qu’Hérode (entre deux burinochocs) et Caïphe Barbie (plus remonté que jamais) se sont aussi invités, ainsi que Salomé… Marie… et Marie-Madeleine, emmitouflée sous un tchador pour masquer son ampleur (elle est à six mois) Marie-Madeleine qui invoque hypocritement la religion, la piété, la lubricité des hommes etc (foutaises, car Paul, l’obsédé sexuel, n’est pas encore né). Ca va chauffer ce soir au «Rendez-vous des prophètes».


Corruption de prophète : Le Cochon’s club
Jésus prêche à Béthanie. Les fidèles sont moins nombreux que d’habitude, il fait chaud : Jean, Jacques, les fans indéfectibles, avec Suzanne et Sarah l’entourent … Survient une femme éplorée, les cheveux dénoués, traînant un adolescent maussade par la main. 


 
Oh maître, je te prie, fais un miracle pour mon fils ! Il est de la lignée de Zébédé, et… 
— Et quoi ? Il m’a l’air en parfaite santé, quoique peu poli, le genre mal élevé, même … 
— C’est que, Seigneur, il est de noble ascendance. Zébédé, te dis-je, c’est pas rien ! 
— Et que veux-tu pour le fils de Zébédé, qui pourrait au moins me dire bonjour ô vénéré maître ! 
— Bonjour, ô vénéré maître»… grommelle le garçon que sa mère vient de pincer à la cuisse. 
— Bon, alors, ce miracle ? C’est quoi, à la fin ? J’ai du sérieux à faire en ce moment. 
— Seigneur, je veux juste qu’il soit assis à tes côtés au ciel : à ta droite, ô Jésus ! Que tu lui réserves une place. Numérotée si possible  (y en tant de racailles d’étrangers qui resquillent et se croient tout permis, on n’est sûr de rien de nos jours, même si on a réservé, ainsi, hier, au restaurant...) Zébédé… En lettres d’or, s’il te plaît. Je paierai les lettres et la location, j’ai les moyens, Seigneur…
Un silence se fait, lourd. Jésus est blême. Mon Dieu, faites que je ne me mette pas en colère. Faites que je ne la baffe pas, elle et son abruti de chiard Zébédé. Zébédé, comme s’il était prix Noblus. Une place numérotée au ciel, je rêve. Jacques, tremblant de rage, s’avance pesamment, menaçant… leur impose les mains sur la tête, et rugit. 
— Au nom de Dieu… ma sœur, on vous pardonne votre impensable bêtise et votre inénarrable imbécillité ainsi que votre stupide arrogance. Et même (il gronde de colère) on vous aime…. malgré votre navrante, votre invraisemblable balourdise et votre inexpiable tentative de corruption. Seulement, ma fille, vous devriez le savoir, sinon il va vous en cuire, et salement, et plus tôt que vous ne croyez, pauvre conne… voilà : Jésus a un principe sur lequel il ne transige jamais : il ne pratique pas le piston, le favoritisme, quelle que soit la position de ceux qui le prient. Zébédé votre mari est sans doute un grand homme, encore que … mais son fils, rien ne le dit. Et que fait-il de sublime, ce magnifique Zébédé, on peut le savoir, sans indiscrétion ?
Des andouillettes ! Le Cochon d’or de Béthanie, Seigneur, c’est lui ! Boucher charcutier traiteur fournisseur d’Hérode et même de Tibère, le meilleur primé de Judée. 
— Un as du sauciflard ! - tonne Jésus.- Et pour ça, il faudrait que son olibrius de malpoli de chiard s’asseye à mes cotés ? A ma droite ? Tu rêves, tu blasphèmes, ma fille aimée. 
— Mais c’est une personnalité ! Le Cochon d’or de Béthanie, vous dis-je ! On l’a autorisé à baptiser ses échoppes du nom du prix… et même à le rajouter sur son papyrus de visite: « Zacharias Zébédé, Cochon d’or de Béthanie » tu vois l’honneur. Car il a fondé un trust, les Cochons’s, il y en a partout à présent et il est Président de la Chambre de Commerce, on l’a élu… euh, pardon Seigneur, nommé… à vie et mon fils le sera comme son père : c’est un titre héréditaire… Je vous ai d’ailleurs apporté à tous des andouillettes façon Hérode, au crocodile, avec du persil, des petits oignons et une noix de muscade, garanties élevés sous la mère, parfaitement cachère. Les crocodiles sont nourris au philis… enfin tout parfaitement bio. Sentez moi ça et dites m’en des nouvelles : c’est ce qui a valu son Cochon d’or à mon Zacharias d’époux, que Dieu le bénisse. D’ailleurs, nous avons même fondé un club, «le Cochon’s club», très select, très chic, qui réunit tous les élus.
Sache qu’il n’y a que moi (enfin, mon père) qui élit, baptise et décore. Et tu sais ce que j’en fais, moi, d’un Président de la Chambre de Commerce ? Avec toutes les andouillettes et les Cochons d’or du monde ? Demande leur, au Temple. Mais (il renifle) … pose les tout de même, tes andouillettes, ma fille aimée. Fais décharger. Et pense aussi à ce que j’ai fait autrefois aux marchands du Temple. Ca ne te dit rien, ma grosse ? 
— Seigneur… Seriez-vous de ces terroristes qui ont démonté le Cochon d’or de Ahiya* ? Il n’y avait pas d’ OGM pourtant, Zac, mon noble époux veille au grain, tous les jours… 
— Que tu dis. Je suis venu allumer le feu sur la terre… et tes andouillettes au crocodile façon Hérode ou Tibère, ma fille, tu peux te les carrer où je pense… Enfin… (il hume encore) on verra bien ce que c’est ; après tout, les disciples n’ont rien mangé depuis le matin (et si elles valent le coup, je les multiplierai). Je me nomme Jésus Bovus à présent, tu ne sais pas ?
La femme s’en va, déçue, en marmonnant. Le fils de Zébédé se retourne et fait un bras d’honneur à Jésus. Les fidèles, d’humeur massacreuse malgré les andouillettes, grondent. Atmosphère d’orage et d’insurrection… «Mort aux vaches» … «A bas les riches»… «A mort le Cochon’s club» entend-on fuser partout dans la foule qui a soudain grossi comme un torrent déchaîné et applaudit frénétiquement Jésus. Certains crient qu’ils veulent lyncher la Zébédé (et son fils) ou les changer en statues de sel comme la femme de Lot à Sodome… Ah, c’était le bon temps, Sodome…
De bien vilain renom, cette cité, songe Jésus : il y a des adresses qui tuent lorsqu’on cherche un job. Il lui faudra penser à la rebaptiser chic. Les réputations, surtout mauvaises, ne se perdent pas : l’avantage est que l’immobilier y est abordable (on peut y trouver des villas pour dix drachmes par mois, Hérodiade du reste y a une location à l'année)… mais le lieu sonne mauvais genre. Imagine-t-on des papyrus postaux adressés aux amis restés à Jérusalem rédigés: «Bon baisers de Sodome ?» Du reste, le très select «Cochon’s club» a refusé d’y installer un centre aéré pour ado, malgré la mer, les activités, la modicité de la pension et surtout le site incomparable. 

Jésus malgré la foule s’oppose à toutes représailles : Sodome, c’est du passé ! Pas de statue de sel, pas de carcan ni de traînage par les cheveux à un dromadaire de course dans les rues (après, tu parles, les éboueurs se mettent en grève) ni de lapidation… et même pas de crevage d’yeux. La foule est déçue. Tant pis.
Pardonnez leur car il ne savent pas ce qu’ils font - s’écrie-t-il, mains tendues. Puis, il a un argument imparable - : allons, mes amis, le raki nous attend, venez ! Qui m’aime me suive… Les derniers seront les derniers... je veux dire, les premiers, mais non servis.» Il est porté en triomphe jusqu’au «Rendez-vous des prophètes». Enfin, la journée est finie. Ouf. Il fait soif… et du coup, il multiplie les andouillettes, vraiment exquises.
Tu as bien fait de la moucher» approuve Lazarus, déjà attablé la bouche pleine, son linceul sur la tête (il a décidé de le garder et même de créer une mode, pour la gloire : ça pose devant les collègues et les femmes.) Il mâche, savoure, rote, pète et fait claquer sa langue : 
— Mazette, ces andouillettes au crocodile, c’est divin… euh, délicieux, excuse moi, Jésus… Bon, mais ça n’aurait pas été plus mal qu’ils la lapident, la Cochonne d’or soi-même, du Cochon’s club and co ! Enfin… » Il songe au nouveau tire de Jérusalem-Match : «Tentative de corruption de Jésus» ? Non, plus claquant, plus hard : « L’incorruptible de Nazareth», ça sonne mieux. Ou «Jésus rive son clou à Zébédé»… Pas mal, quoique le coup du clou… peut-être pas. Il aurait bien aimé «La Zébédé lapidée malgré Jésus» ou « Le Cochon d’or démonté par Jésus Bovus» voire «Les coulisses du Cochon’s club» mais bon... Dommage. Il faudra faire mieux la prochaine fois. Mais ces andouillettes, tout de même, c’est quelque chose…
* Grand prêtre sacrificateur (une sorte de sous-pape).

Service de diff, on a perdu la Bible 

Rien ne va plus pour Lazarus. Un envoi de courrier s’est perdu. Un convoi énorme, vital. Trois cents rouleaux, et des manuscrits s’il vous plaît, uniques, sur cuir, au pur jus d’avocat, scellés dans des jarres d’Ayia tant leur importance était capitale. De la très haute qualité, faits pour durer l’éternité : c’était l’histoire de Dieu, ni plus ni moins. Il l’avait appelé la Bible. Certes, le titre n’était pas original, mais parfois les plus simples sont les plus vendeurs. Car, devant le succès de Jérusalem-Match, Lazarus s’est à présent lancé dans l’édition à grand tirage (au moins dix d’un coup). Il avait commandité à des scribes grecs (et on sait le prix qu’il faut les payer, ces damnés) toute l’histoire de la création divine jusqu’à Jésus ou presque. Un travail colossal. Un mois de travail à deux cent, non stop, 10 000 talents 100 mines, une fortune… sans compter le prix des cuirs (format A2000) et des séphers. Plus les vérifications d’orthographe, de mise en page… les potiers, les ferronniers... 

Perdus en route vers la mer «malade» (car elle n'était pas encore morte).  Au premier siècle, tout de même, avec la police de Tibère, les écoutes, le SCI de Caïphe Barbie, cela semble impensable... Car Hérode est toujours sur son tas de fumier et on doute de pouvoir l’en déloger un jour. Syndrome post traumatique disent les psy… (enfin, «post », c’est à voir parce que Jean-Baptiste campe devant le palais et dès qu’il est réveillé, sonnez trompettes : « tu vas crever ! Salope ! En enfer ! Collabo ! Tyran ! Pute ! etc… » Névrose obsessionnelle disent les psy, qui recommandent quelques burinochocs. Mais à un ressuscité de telle envergure, personne n’ose appliquer le traitement classique, d’autant que sa tête est un peu à l’envers.) 


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Evidemment, c’est la faute du diffuseur : hachettus. Mais comment lui faire rendre gorge ? Ils pinaillent : les ânes ou les chameaux ont certainement eu un accident, ou des bandes armées à Quounrân, vers les grottes (des bergers peut-être) les ont attaqués et ont volé le chargement en le prenant pour du vin, puis, déçus, l’ont jeté ou revendu à vil prix… Ou peut-être caché, qui sait ? Le diffuseur ne couvre pas les actes de brigandage en tant de guerre et il n’est pas responsable etc… Les centurions font tous les marchés aux punaises de Jérusalem, en vain pour l’instant. Lazarus est au bord de l’infarctus. Il y a certes des copies, mais le manque à gagner est énorme. Un miracle, vite, Jésus. Comme celui-ci ne répond pas, il file au «Rendez-vous des prophètes», l’endroit le plus sûr pour le trouver le soir, avec Marie-Madeleine (elle a fini sa retraite) les disciples… et des pochetrons. Jésus n’a pas fini de souper…
Un miracle… un miracle, tu vas bien. Ce n’est tout de même pas un cas d’urgence, de vie et de mort -proteste Jésus, qui se repose- c’est plus une question de business que…
— Mais c’est l’histoire de ton père et la tienne, tu te rends compte de la publicité ? De ce que j’ai investi ? La Bible ! Je suis fait pour 10 000 talents, moi. Ruiné. Aide moi ! 
— Mais tu as fait faire des doubles ? Et un copyright ? La Bible ! Le best seller du siècle ! 
— Oui, mais trois cent rouleaux en A2000, les parchemins, les séphers, les pots d’Ayia… 
— Je te rembourserai s’il faut. On fera une quête, un loto, une soirée à thème avec Jean-Baptiste et Salomé, c’est rien et ça marche toujours du feu de ... moi. 
— Merci Jésus. Mais ça me trouble tout de même. Qui aurait eu intérêt à ça ? Tibère ? 
— Je vais le savoir. Tiens, reste là, Gabriel va te servir du raki. Tiens compagnie à Salomé : si elle danse, tu oublieras tes soucis... » (Salomé s’exécute, en maugréant un peu.)
Malgré l’heure tardive, Jésus, à regret, file au Temple, ça vaut la peine de réveiller Jéhovah, l’affaire est grave. Enfin, s’il dort profondément, il se retirera bien sûr. A son âge, il lui faut du repos. Mais ce n’est pas le cas : Jéhovah l’attend assis sur le tabernacle, dans sa position inconfortable inhabituelle. Pour une fois, d’excellent humeur. Il rigole et attaque d’emblée.
Ces rouleaux ? Je sais. Perdus. Mais quel abruti, ce Lazarus ! Il ne comprend rien ! 
— C'est-à-dire, mon père ? Moi non plus, je ne comprends pas bien. C’est donc vous ? 
— Et qui veux-tu que ce soit ? Bien sûr que c’est moi, qui d’autre ? C’est une astuce. 
— Mais mon père, il est au bord de l’infarctus, pourquoi jouez-vous avec ses nerfs ? 
— Et bien, s’il meurt encore, tu le ressusciteras, c’est tout, il a l’habitude. C’est pour l’avenir. Ils ne sont pas perdus, ces rouleaux, mais je vois plus loin, moi, heureusement, que le bout de mon sépher, parce que si je devais compter sur vous… les rouleaux sont dans des grottes à Quounrân. Tu te tais. Il en refera, tu le rembourseras et voilà ! On les retrouvera vite, n’ait crainte, ces manuscrits, dans même pas 2000 ans. Et ça fera un de ces tabacs ! A présent, leur perte, ça en fait un autre. Ca vaut le coup, tu vois. Allez, retourne t’amuser, laisse-moi dormir et rassure cet imbécile. Il peut préparer des tirages. Ca se vendra comme des galettes lazymes le jour de Pâques. En 1947 après toi, ça sera encore mieux. Je prépare, je bosse, moi. Les scoop, ça vient pas tout seul. Au fait, comment va la petite?  




Elle fait ses dents… A ce propos, si tu pouvais… enfin, l’empêcher de nous réveiller… J'ai essayé mais...
— Je ne t’autorise pas des miracles pour des vétilles tu le sais bien! Ca suffit ! Tu l’as voulue, assume !
Perplexe, Jésus retourne à l’estaminet. La fête bat son plein. Salomé, ô stupeur, est sur les genoux de Lazare, Gabriel folâtre avec Suzanne derrière le comptoir, et Luc prie pour leur salut, comme toujours,  au fur et à mesure des péchés, Salomé l'a surnommé le soutier de la chaudière . Marie-Madeleine, en verve, bavarde bébé avec Anne, qui lui livre aussi des recettes de beauté. Pourvu que Jean-Baptiste ne s’invite pas ce soir : comme rabat joie, on ne fait pas mieux,  (quoiqu'il  attire aussi beaucoup de monde observe Gabriel, réaliste, avec ses baptêmes à la chaîne)... d’autant que Salomé est là. Gabriel a bien engagé des videurs physionomistes, mais avec ce fou, évidemment… Jésus s’approche de Lazarus, un peu gêné de déranger.
Ce n’est pas grave. Je ne puis t’en dire plus mais dans 2000 ans, tu me remercieras ! 
— Tu te fous de moi ? Dans 2000 ans ? Rien que ça ? Combien de fois faudra-t-il que tu me ressuscites à la fin ? Je dois prendre un abonnement  comme au théâtre? Et puis ça va finir par lasser.  Et maintenant, je fais quoi, moi ? 
— Tu refais un tirage, au moins à trente exemplaires, c’est tout. Je te rembourserai les frais et la perte. Pas de souci. C’est mon affaire après tout.


 
Lazarus est ravi. Avec un client comme ça, tout s’arrange toujours. Et puis… pour l’heure, il en tête bien d’autres choses. N’empêche, demain, il faudra s’y coller, à deux cents, on en a pour un mois, mais… s’il engage des hittites ou des kurdes (ça ne coûte rien) peut-être, en dix jours... Jésus voit grand, trente exemplaires, mazette, mais il doit savoir, lui. Et du moment qu’il le rembourse, il n’a rien à dire. Lazare part avec Salomé, encore ébloui de sa chance. Salomé ! La propre fille d’Hérodiade !  De la reine! Qui aurait cru que ?… La célébrité a du bon.
Mais dans la ruelle, horreur, il croise Jean-Baptiste échevelé qui fonce faire un scandale à l’estaminet comme d’habitude lorsqu’il a un petit coup dans le nez. Le Saint s’arrête net, scandalisé (il faut dire que Salomé lui rappelle des souvenirs… décoiffants.) Il touche son cou, se secoue comme pour vérifier qu’il tient bien, éternue... et tonne : 

 
— Vade retro ! Méfie-toi abruti, c’est le genre de femme qui te fait perdre la tête en trois coups. Elle a un humour… tranchant. Basic instinct, à coté d’elle, c’est de la merde d’oiseau. » Lazarus hèle trois ânes taxi vite fait. Ce cinglé ! Il bombe le torse et lui fait un bras d’honneur. 
— Tes avertissements, espèce de fondu, tu peux te les carrer où je pense, nous allons nous marier ! » répond-il fortement. (Il a tort.) Jean-Baptiste part d’un rire démoniaque : 
— Bonne chance… Je te rappelle que la résurrection n’est pas automatique. Et que ces caveaux vous laissent tout de même de sacrés rhumatismes. Remarque, tu es équipé, avec ton linceul cachemire façon Courrèges. Enfin, amuse toi bien et pense à moi tout de même... 
Dire que c’est toi qui as poussé Jésus à ressusciter, ce fada ! -soupire Salomé-. On bosse, on bosse, on danse, on se dépieute, on en fait des tonnes… 


 
... et y en a qui sabotent tout quand le boulot est fait. Remarque, biquet, ce qu’il fait à ce salaud d’Hérode m’inclinerait à une certaine indulgence malgré tout, maintenant que maman est à l’abri. Quel punch, mais quel punch ! Il dort jamais ou quoi ? Au palais, il nous sert de réveille matin : dès le chant du coq, c’est parti pour un tour non stop jusqu’à nones. On a tous des boules quies. Et les esclaves ont demandé leur mutation… en province, c’est dire ! Voire une pré retraite. On a jeté les meneurs aux crocodiles et on a dû prendre des  philistins, des arabes ou des kurdes, c'est dire. Question boulot, ils ne valent rien. Depuis qu’il est revenu en une seule pièce, la vie est un enfer… enfin, je veux dire très difficile. A ce propos, Loulou, tu ne pourrais pas demander à ton pote Jésus de… enfin… de le re… (elle fait un geste vers sa tête)… euh… découdre ? Juste un mois, quitte à le ressusciter ensuite s’il peut pas s’empêcher, au moins pendant les vacances scolaires, qu’on puisse dormir un peu. »
Lazare réfléchit, intéressé soudain : le business… associé à la reconnaissance éternelle (enfin, éternelle…) de sa belle, pourquoi pas ? Des ressuscitations en chaîne ? Du suspense pour le public ?… Mais Jésus ne voudra jamais, c'est un pur et il a un rang à tenir. Il l’entend d’avance : le caveau n’est pas un saloir ni une maison de repos psychiatrique. (Et papa etc...) C’est à voir.  

Damien Burdault  Hélène Larrivé
http://larrive.blogspot.com
(blog répertoire de tous les blogs HBL "feu rouge clignotant", du léger au tragique.)